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Naviguer en Patagonie et passer le Horn en voilier

"Lors d'un tour du monde à la voile, passer par la Patagonie est une aventure dans votre aventure."

Pour naviguer dans cette région, nous vous conseillons :

 

Remerciements à l'équipage de Jiailegé pour cette vidéo 

Remerciements à l'équipage de Magalyanne pour cette vidéo

Nous vous conseillons également de lire les articles de Myriades et Fleur de sel, les articles d'Antoine et Céline sur Shana, entre autres : Ushuaia – Argentine puis Navigation en Patagonie : conseils et étapes, et leur guides pratiques du grand sud. Ils ont remonté la Patagonie d’Est en Ouest en deux mois, avec leurs conseils, leurs routes, leur consommation, leur temps voile / moteur, achat gaz, eau, gasoil, distributeur de billets, ... à lire absolument, vous saurez tout. Et de visiter également leur site Caramel adventure qui est une mine d'informations ainsi que les sites Balthazar et Belle-isle

Cap Horn et canaux de Patagonie en voilier

Passer le Horn

Vous ne pouvez pas contourner le Cap Horn, d'est en ouest, sans autorisation.

Si vous arrivez de l'Atlantique et vous souhaitez contourner le Horn avant de passer par les canaux de Patagonie, vous devez entrer par le canal de Beagle, aller jusqu'à Ushuaia pour faire votre clearance de sortie d'Argentine. Puis retour sur vos pas pour aller à Puerto Williams, "capitale" de la Patagonie, pour faire votre clearance d'entrée au Chili.

Vous ferez ces formalités d’entrée à la base navale, et si vous souhaitez contourner le Horn, vous êtes obligé de demander l'autorisation et obtenir le ZARPE qui vous donnera le feu vert.

Remerciements à Nautigirl pour cette vidéo

Naviguer en Patagonie en voilier

Si la navigation en Patagonie peut être une étape sur la route des tourdumondistes, elle deviendra une aventure dans l'aventure car cette région difficile à la navigation ne s'improvise pas, il faut sérieusement la préparer. 

Attention, il ne faut pas naviguer de nuit, la cartographie papier comme numérique est incomplète, voir fausse, il vous faudra vous recaler régulièrement.

Il est plus facile de passer les canaux d'ouest en est, avec le vent, que d'est en ouest, contre le vent en permanence et donc essentiellement au moteur.

Cette région est à haut risque pour la navigation mais la beauté sans égale, celle de ses mouillages, de ses glaciers, attire de plus en plus de monde, à tel point que les places du Micalvi à Puerto Williams (c'est le nom du ponton, voir dans la 1ère vidéo) deviennent rares et les autorités chiliennes redoutent qu'un drame ne se produise un jour inévitablement, d'où les restrictions des autorités chiliennes.

Vous rencontrerez sur place d'autres bateaux qui feront le même trajet que vous, ou dans l’autre sens. Il existe entre les navigateurs une réelle communauté qui s'entre aide et partage facilement des infos sur un groupe WhatsApp (nous ne connaissons pas ce groupe !).

Certains bateaux y naviguent toute l’année, pendant l'été austral les jours sont plus longs et les températures plus clémentes mais les coups de vent sont aussi plus musclés. L’automne est généralement la saison la plus agréable, mais les jours sont plus courts, ce qui limite la distance de navigation en une journée. De plus, il ne faut pas oublier que le franchissement du Golfo de Penas peut poser problème à n’importe quelle saison.

Puerto Williams

Il semble que le Chili a mis un gros frein à toutes les navigations de plaisance dans cette région. Il ne serait plus possible de contourner le Horn et le Micalvi (nom du ponton à Puerto Williams) serait fermé. Cette information est à mettre au conditionnel car nous ne savons pas si cela concerne les plaisanciers ou les sociétés de charters qui travaillent sur place. L'ambition du Chili est de transformer Puerto William en Ushuaia pour toutes les croisières professionnelles vers le Sud. La belle époque de Puerto William est terminée...

Calendrier des périodes hivernale et estivale dans les hémisphères nord et sud

PERIODE HIVERNALE
  PERIODE ESTIVALE
Hémisphère nord Hémisphère sud Hémisphère nord Hémisphère sud

dit également hémisphère boréal ou
hémisphère septentrional

dit également hémisphère austral dit également hémisphère boréal ou
hémisphère septentrional
dit également hémisphère austral
du 1er décembre au 28 ou 29 février du 1 juin au 31 août du 1er juin au 31 août du 1 décembre au 28 février

Le meilleur moment pour franchir cette région est de passer pendant l'été austral, bien avant l'hiver austral, et de bien anticiper la météo en cas de mauvais temps en se mettant à l'abri. Au mois de mars vous pourrez avoir pendant 24 heures un vent établi de 70 puis 80 nœuds, voir même frôler les 125 nœuds dans le canal de Beagle, avec 6 à 7 mètres de creux proche du cap Horn.

La meilleure fenêtre pour visiter les canaux semble être de fin décembre à mi février. Avant c'est baston, et après, c'est baston !

De Puerto Williams à Puerto Montt, 20 jours semble être un minimum, et si les conditions vous le permettent. Visiter en 45 à 60 jours vous permettra de découvrir en profondeur les canaux, visiter des glaciers, ... mais il ne faut pas se laisser rattraper par le mauvais temps qui revient dès fin février.

La météo étant donc le facteur primordiale pour la navigation dans cette région, il ne faut pas avoir de planning de navigation serré, sinon c'est la porte ouverte à deux risques :

  • le risque physique réel en s'exposant à des conditions difficiles ou dangereuses, en sortant d'un abri un jour où l'on devrait y rester, ou bien en persistant à avancer un jour où on devrait faire demi-tour ;
  • le risque de gâchis, car visiter un glacier à date fixe n'a aucune comparaison avec la visite du même glacier à un moment choisi, temps calme, ciel dégagé.

Il est donc impératif pour naviguer dans cette région de disposer de plusieurs semaines de marge pour remonter du Beagle à Puerto Montt, contre vents et courants dominants. Plusieurs semaines de réserves (alimentaires, carburant, gaz) et plusieurs semaines de marge de manœuvre en temps. Ce qui est difficilement compatible avec un projet de charter.

Vous devrez prévoir à bord :

  • Plusieurs dévidoirs avec bouts d'amarrages d'une centaine de mètres chacun, ou plus, pour vous amarrer en étoile dans les criques et y passer la nuit. Ces bouts seront amarrés à des arbres ou rochers sur la rive. Oubliez le moteur de l'annexe pour vous y rendre, il faudra y aller à la rame en raison des nombreuses algues. Ne sachant pas d'où peuvent venir les vents forts, il est préférable de s’abriter dans des petites caletas, criques, pour être mieux protégé.
  • Prévoir à bord une machette ou une serpe à long manche pour couper les algues prises dans les ancres ou dans l'hélice.
  • Également des bidons supplémentaires pour transporter du carburant car vous allez principalement naviguer au moteur.
  • Une coque isolée thermiquement sera un plus.
  • Un chauffage dans votre bateau.
  • Des housses sous vide pour protéger vos vêtements des moisissures.
  • Une bonne cartographie.
  • Les guides que nous indiquons en haut de cette page.
  • MA ou Iridium, portable.
  • Plusieurs semaines de réserves (alimentaires, carburant, gaz).
  • Des vêtements chauds pouvant également vous protéger de la pluie.
  • Une bonne protection du cockpit et du barreur qui risque de passer des heures à la barre à slalomer dans les chenaux.
  • Attention, à cette latitude, le rendement des panneaux solaires est moindre.

Puerto Montt

Si vous souhaitez naviguer à la voile dans ces canaux, oubliez ! Que vous alliez de Puerto Montt à Puerto Williams, ou de Puerto Williams à Puerto Montt, c'est énormément de moteur. A Angostura White, les jours de mauvais temps, vous pouvez avoir de 12 à 14 nœuds de courant, le moindre pépin peut tourner à la catastrophe : même le ferry s'est échoué en 2015 ! Même le détroit de Magellan peut être frustrant question voile. Soit vous avez le vent devant et c'est moteur, soit vous l'avez dans le dos et c'est foc seul. Tout cela en restant plusieurs jours bloqués en attendant que le vent se calme, avec des jours de pluie et un plafond à 10 mètres !

Depuis Ushuaia (Argentine), il faudra aller à Puerto Williams (Chili) pour faire votre entrée au Chili avant de repartir vers l'ouest. Il faut savoir que c'est l'armada chilienne qui contrôle le passage dans les canaux. Et donc vous indiquera un itinéraire. Votre voilier sera contrôlé avant de vous y engager, il faut avoir à bord certains moyens de communication obligatoires : MA ou Iridium, portable. D'autres points seront également contrôlés comme les amarres, etc...

Des liaisons sont obligatoires matin et soir, la navigation de nuit n'est pas autorisée, etc...

A Punta Arena il est impossible de débarquer si le vent est de terre et qu'il est violent, vous serez obligé d'attendre qu'il faiblisse. 

Punta Arenas

Pour la cartographie, il faut utiliser les cartes raster qui sont vendues par les autorités chiliennes.

Pour la météo dans les canaux : vous prenez vos gribs les plus bruts possibles (rien de retravaillé), et vous ajoutez 20 nœuds de vent, pour compter le passage du synoptique et ce que vous avez réellement sur votre bateau et vous aurez la météo la plus fiable possible, c'est à dire pas fiable du tout, c'est ce que font les locaux.

Il faut rendre visite à l'armada à chaque arrivée et à chaque départ, pour enregistrer le bateau et obtenir le zarpe. Si l’on dispose déjà d’un permis de navigation pour un port ultérieur, il n’y aura pas besoin de repasser par l’Armada au moment de lever l’ancre, un appel VHF suffira.

A Puerto Natales, si vous indiquez Puerto Montt comme destination finale, et comme arrêts Puerto Edén et Puerto Aguirre, cela n'en sera que simplifié.

Les Chiliens demandent en plus quantité de renseignements sur l’équipement de navigation, de communication, de sécurité et de survie du bateau, mais aussi concernant l’autonomie en gazole, en eau et en vivre. Ils demandent aussi le détail du parcours suivi, avec position des mouillages et dates à ces mouillages, ce qui est bien évidemment impossible à anticiper plusieurs semaines à l’avance. On peut néanmoins rester le plus générique possible en choisissant des points de parcours situés à des carrefours importants. De toutes les manières, l’application de ce document ne semble pas être toujours vérifiée.

Au Chili, mais aussi récemment en Argentine même si c’est de manière plus floue, il est demandé à tous les bateaux de signaler leur position deux fois par jour, dans la mesure du possible en fonction des moyens de communication disponibles à bord. Nous avons choisi de ne pas déclarer notre téléphone satellite, car il est alors exigé de se signaler deux fois par jour par email lorsqu’on est hors de portée VHF, ce qui représente vite un budget important. Les Chiliens semblent bien accepter le fait qu’un voilier puisse n’être équipé que d’une VHF (qui est, elle, obligatoire), sans HF et sans téléphone satellite.

Lorsque l’on est hors de portée, lors d’une rencontre avec un pêcheur ou un bâtiment de commerce, saisir l'occasion de se signaler, et tout va très bien. L’absence de signalement lors d’une navigation dans les canaux ne pose pas de problème tant qu’on reste dans les dates prévues, et il y a de larges zones où une communication VHF est impossible : les seules stations que vous pourrez rencontrer après Puerto Williams sont Alcamar Navarino, Alcamar Corrientes, Alcamar Yámana et Alcamar Timbales dans le Canal Beagle, puis une grande zone non couverte jusqu’à Faro Felix et Faro Fairway à l’embouchure occidentale du Détroit de Magellan, suivie d’une nouvelle grande zone déserte jusqu’à Edén Radio (à l’exception de Natales Radio si l’on rentre vers Ultima Esperanza). Suivent alors Faro San Pedro et Faro Rapér autour du Golfo de Penas, puis de nouveau peu de couverture dans le sud des Chonos, avant d’atteindre les stations d’Aguirre, de Cisnés ou de Melinka.

De plus, cela ne semble pas poser trop de problèmes si l’on ne se tient pas au programme annoncé officiellement, ni même si on visite certaines zones officiellement interdites (par exemple les canaux non hydrographiés), tout au moins hors de la zone du Beagle. Dans la zone frontalière avec l’Argentine, les contrôles sont plus stricts, mais cela n’a pas posé problème que nous naviguions dans des zones non hydrographiées comme la Bahía Tres Brazos ou le Seno Ventisquero. En revanche, ne surtout pas tenter de passer par le Canal Murray, sous peine de saisie du voilier manu militari.

En Argentine, les officiels ne réalisent pas qu’un voilier peut n’être équipé que d’une VHF. Comme ils sont très bureaucrates et qu’ils n’ont absolument aucun sens marin, il leur arrive de prendre des décisions incompréhensibles pour le navigateur. Exemple : d'un voilier déclaré comme perdus au moment où il était coincé à l’Ile des Etats par le mauvais temps. Pourtant, il était là où il l'avait annoncé dans son planning, mais les officiels n'ont pas vérifiés avant de les déclarer comme perdus et d’alerter les proches. Le voilier avait pourtant tenté (en vain) de joindre les stations les plus proches, mais la veille VHF est plutôt laxiste.

Attention : petite mise en garde. Les Sud-Américains semblent utiliser des codes à la radio qui ne paraissent ni utilisés, ni même connus ailleurs dans le monde. Ainsi, QSL (prononcé “quou-es-elé”) signifie “compris”, aussi bien comme interrogation que comme affirmation, QAP (“quou-a-pé”) semble vouloir dire “je suis à l’écoute”, et enfin AS (“alfa-sierra”) semble vouloir signifier “veuillez patienter quelques instants”. Le plus étonnant est que ces acronymes pour le moins déroutants sont utilisés comme si leur signification était évidente. Pourtant, une rapide vérification sur Internet montre que ces codes ne sont utilisés qu’en Amérique du Sud… A contrario, on vous demandera souvent votre ETA (“echo-tango-alfa”), acronyme anglais plus connu de “Estimated Time of Arrival”, c’est-à-dire l’heure (ou la date) à laquelle vous comptez arriver.

Merci à l'équipage de Sailing Sweet Ruca pour ces vidéos

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